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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/72

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violence, répondit, coquettement la fille d’Elias.

— Vous ne me détestez donc pas trop ?

— Ma foi, non ! J’avais mis dans ma tête d’épouser un Français ; c’est tant pis pour vous, si vous vous êtes trouvé là.

La glace, bien légère, d’ailleurs, qui existait entre eux, était rompue.

Cinq minutes après, les deux nouveaux époux étaient tout à fait d’accord, et quand, une demi-heure plus tard, ils remontèrent à cheval pour regagner la ville, ils eussent scandalisé par leur entrain le grave Thompson, s’il avait pu les entendre.

La vérité, c’est que miss Rhéa était ravie d’être devenue Française. Elle allait donc aller à Paris, vivre entièrement à sa guise, elle le pensait du moins, se faire habiller par les premiers couturiers de la grande ville et ne plus être exposée aux jérémiades de miss Gowentall, aux sermons de son oncle Jonathan et aux soupirs de son cousin Archibald.

Quant à M. Deblain, s’il s’avouait sincèrement qu’il n’aurait jamais eu le courage de se marier lui-même, en même temps parce qu’il était accoutumé à sa vie de vieux garçon et parce qu’il n’aurait osé affronter les plaisanteries de son ami Plemen, il était enchanté qu’on lui eût forcé la main, surtout pour lui faire épouser une adorable créature qu’il se sentait porté à aimer de tout son cœur.