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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/78

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régularité d’autrefois ; elle est devenue plus chère, conséquemment inquiète, fiévreuse, troublée. L’amour du luxe et le besoin de paraître se sont glissés dans les ménages les plus modestes.

Là où, jadis, on était riche avec dix mille livres de rente, on est besogneux, aujourd’hui, avec ce même chiffre de revenus.

Tout a augmenté de prix, même le vice.

Les importations parisiennes ont tué les petites industries locales. Les élégants des sous-préfectures sont habillés par des tailleurs de Paris, qui visitent deux fois par an leurs clients provinciaux, et la femme du notaire d’un simple chef-lieu d’arrondissement rougirait si elle ne commandait pas de temps en temps une robe chez une couturière de la grande ville.

Les exploitations théâtrales sont ruineuses, grâce aux tournées d’artistes célèbres et à l’impossibilité de jouer les œuvres nouvelles, les auteurs dramatiques, devenus commerçants habiles, ne faisant plus imprimer leurs pièces et refusant d’en communiquer les manuscrits.

Paris absorbe tout : les talents réels, les ambitieux, les fruits secs, les déclassés et les jolies filles.

Il est vrai que, par compensation fâcheuse, il envoie dans les départements des avocats sans cause, qu’on y nomme députés, bien qu’ils ignorent forcément le premier mot des intérêts de leurs