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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/8

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rière la Cour, il suivait les débats avec un vif intérêt.

Évidemment il était là en romancier ou en criminaliste, estimant que, si misérable que soit l’homme qui défend son honneur ou sa tête, il ne devrait jamais être donné en spectacle aux désœuvrés et aux femmes atteintes de cette forme de névrose : la curiosité malsaine.

Ce qui frappait ceux avec lesquels notre mystérieux personnage échangeait ses impressions pendant les suspensions d’audience, c’était son érudition en jurisprudence, en procédure, en toutes matières, pour ainsi dire, et son indulgence, sa pitié pour les accusés, si grands, si avoués que fussent leurs crimes.

« On ne sait pas, répétait-il volontiers, on ne sait jamais ! Souvent il n’y a pas plus de raison pour croire aux aveux d’un prévenu qu’il n’y en a pour accepter ses dénégations. Le travail qui se fait dans l’esprit de celui qu’on a brusquement isolé doit compter pour beaucoup. On ne se représente pas assez les tortures physiques de la prison préventive, non plus que les angoisses morales de l’instruction criminelle.

« Aux prises avec un magistrat habile, pressé de questions inutiles et cependant répétées sous mille formes différentes, humilié par ce juge, qui, ne cherchant qu’un coupable et voulant le trouver dans celui qu’il interroge, lui parle sur un ton