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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/125

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sentant le Dieu avec quatre bras et assis sur le garouva, monstre moitié homme et moitié oiseau. D’une main il tenait une massue, de l’autre une coquille, de la troisième un chakra ou faux recourbée ; et de la quatrième une fleur de lotus. Vischnou est considéré là, sous cette forme, comme le dieu dans lequel tout doit s’absorber à la fin du monde, c’est le Jupiter conservateur, le Juvans pater des Latins, et c’est celui dont le culte est le plus répandu parmi les brahmines, tous ses actes étant d’amour et de bienveillance pour les hommes.

La foule des fidèles s’étant répandue dans les innombrables corridors de la pagode, de tous les côtés, nous n’entendions que murmurer des versets de Védas. Les brahmines, couverts de leurs longues robes jaunes, offraient au Dieu des fleurs et des fruits pendant que d’autres prêtres brûlaient, dans des cassolettes d’or, les encens préférés. Les chanteurs faisaient retentir l’air de leurs incantations sacrées ; sur des nattes étendues au pied de l’idole, les bayadères attachées au service du temple dansaient en l’honneur de Vischnou.

Il va sans dire que les regards de sir John ne quittaient pas le groupe des bayadères, et que, pendant que mes yeux, commençant à s’habituer à la demi-obscurité de la pagode, cherchaient à en saisir tous les détails, ceux de l’amoureux commandant ne vivaient que pour Goolab-Soohbee, qu’il avait bien vite reconnue parmi ses compagnes.