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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/183

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faire des bonds pour atteindre l’ennemi le plus éloigné, et que moi, fermant l’ouverture de la tente, je pouvais rompre ou charger à mon aise.

Pendant le moment de frayeur qu’avait causée la détonation de mon arme, j’avais pu me serrer la jambe avec un foulard.

Le trouble commençait à se mettre dans les rangs des étrangleurs, auxquels notre sang-froid imposait, lorsqu’un cri de désespoir de sir John domina le bruit de la lutte.

Un Indien pénétrant par-dessous la tente jusqu’au palanquin de la bayadère, venait d’arracher la jeune femme de sa couche, et avait disparu avec elle dans les massifs d’amandiers.

J’avais reconnu cet homme, c’était le Malabar de Tanjore ; mais je n’avais pas eu le temps de faire feu tant avait été rapide son action.

Le houkabadar, avec un rugissement de colère, franchit le palanquin et se mit à la poursuite du ravisseur.

— À son secours, ami, à son secours, me criait Canon ; les misérables vont me la tuer !

La rage avait donné à la physionomie du commandant une telle expression d’énergie et de cruauté que les thugs reculèrent épouvantés. Le contrebandier d’opium n’était plus un homme, c’était une bête fauve, ses yeux étaient injectés de sang. Chaque fois que son bras retombait sur un étrangleur, il en faisait un cadavre. Il s’était facilement ouvert un che-