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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/22

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Nous n’eûmes cependant pas trop à nous plaindre. Nous fûmes servis sous une galerie, séparée du jardin par des plantes grimpantes qui donnaient à notre salle à manger la plus délicieuse fraîcheur.

Quant au repas, ce fut une élucubration de la cuisine anglaise, greffée sur l’art culinaire indien, quelque chose d’éclectique, enfin, qui laissait bien un peu à désirer, mais qui, cependant, était mangeable, surtout après un mois de mer.

Dans cette salle à manger de Kings’s hotel je fis connaissance, pour la première fois, avec une invention que je veux recommander aux vrais amateurs du confortable.

Au-dessus de la table, allait et venait, se balançant au plafond, renouvelant l’air et chassant les insectes, un immense éventail en forme de volant de robe, mis en mouvement par une main invisible.

Comme j’ai toujours aimé à me rendre compte d’un effet, et que, suivant moi, le meilleur moyen d’arriver à ce but est de remonter à la cause qui le produit, lorsque du moins cela est possible, je me mis à suivre la petite corde qui imprimait le mouvement à l’éventail. Après avoir traversé deux ou trois pièces, je la trouvai entre les mains d’un pauvre diable d’Indien, à peine vêtu d’un pagne, qui, accroupi dans un vestibule, n’avait pas d’autres fonctions que de faire balancer, du matin au soir, cet immense ventilateur-éventail-chasse-mouche.