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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/239

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Kâli ; à notre droite, s’étendaient amassées, pressées les unes contre les autres, les misérables cases qui terminent le faubourg de la ville noire.

À quelques pas de nous, au milieu du grand mur, se dessinait aux reflets des flammes de l’intérieur une large ouverture. Nous nous dirigeâmes vers elle.

En arrivant sur le seuil de cette porte, je fis malgré moi un pas en arrière, pressentant que j’allais voir quelque chose de hideux. Je voyais aller et venir dans une grande enceinte, au milieu de la fumée, des formes bizarres qui semblaient plutôt appartenir à des démons qu’à des hommes.

— Allons ! entrons, me dit Canon en m’entraînant par le bras ; ce n’est pas précisément agréable, mais c’est curieux et philosophique.

— Entrons, répondis-je, en me prenant le cœur à deux mains.

Nous pénétrâmes dans l’enceinte des morts.

Nous étions dans une grande cour quadrangulaire fermée de trois côtés par de hautes murailles. Le côté qui faisait face à la porte par laquelle nous étions entrés donnait sur le fleuve, dont les eaux roulaient noires et lugubres ; le mur y était remplacé par des marches qui descendaient jusque dans les flots. La nuit était tout à fait tombée, pas une étoile ne brillait au ciel. De gros nuages sombres couraient de l’est à l’ouest en annonçant l’orage ; le calme de ce lieu étrange n’était troublé que par les mugissements des