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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/241

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pans de la draperie. Ils murmurèrent ensuite des prières ; au nom du défunt, ils offrirent quelques poignées de riz en sacrifice à la divinité, et l’aîné des enfants mit le feu aux fagots, et au chanvre, tandis que les Hindous, serviteurs du lieu, arrosaient le cadavre avec des matières combustibles. Les femmes accroupies autour du bûcher n’avaient pas cessé de chanter et de pleurer depuis le commencement de la cérémonie.

Dès que les flammes s’élevèrent de façon à cacher le corps à la vue des assistants, chacun s’assit, et les houkas et les gargoulis s’allumèrent aux charbons du kanta.

Ainsi que me l’avait annoncé Canon, n’était-ce pas un curieux et bien philosophique spectacle que j’avais là sous les yeux ? Je ne pouvais en détacher mes regards. Je me demandais si vraiment il ne valait pas mieux quitter ainsi la terre, que d’y séjourner quelques mois sous six ou sept pieds de sable, pour en être chassé un jour de par la loi, lorsqu’un des parents du morts s’approcha de moi. Il m’offrait du feu et un gargouli. J’acceptai la pipe que j’allumai afin de combattre la mauvaise odeur, et je pris place, ainsi que sir John, au milieu de la famille du défunt, en faisant aux brahmines l’offrande obligée d’une ou deux roupies.

Il y avait plus d’une heure que nous étions dans cette bizarre situation ; un vent assez violent s’était élevé et rendait la crémation plus longue que de cou-