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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/284

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vement blessé deux ou trois curieux qui le serraient de trop près ; mais cela était trop dans les mœurs du lieu pour que le bruit de la lutte eût pu venir jusqu’à nous. Les papengers l’avaient tout simplement chassé ; le Chinois n’en rangeait pas moins fort tranquillement ses petits cartons en attendant d’autres pratiques.

L’aspect du bal n’était plus le même.

Dans l’espace réservé à la danse, des groupes de sept à huit danseurs, hommes et femmes, se livraient aux bonds les plus effrénés, agitant au-dessus de leurs têtes leurs terribles armes. C’était vraiment là la danse des Corybantes dont parlent Lucien et Strabon. Un Javanais drapé dans un sarong rouge remplissait le rôle du præsul romain et conduisait la troupe. Les hommes, parfois, s’avançaient seuls vers les femmes en les menaçant ; puis, celles-ci, sous la conduite de l’une d’elles, s’approchaient à leur tour avec des gestes et des contorsions impossibles à décrire. Cela ne ressemblait en rien, je vous prie de le croire, à la marche gracieuse de Cythérée que peint si poétiquement Horace.

Les danseuses malaises, les yeux chargés d’éclairs invitant au plaisir, frappaient bien la terre d’un pied alternatif, mais les Grâces décentes étaient remplacées par des Furies obscènes, et l’imminente luna par des lampes fumeuses, dont les pâles et tremblants reflets éclairaient étrangement cette scène bizarre qui, parmi ses auteurs, comptait des musul-