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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/304

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Je ne fis qu’un bond jusqu’à lui. Avec la baguette de mon fusil je couchai les hautes herbes qui lui montaient jusqu’aux genoux, et j’aperçus, sortant de dessous son talon, la tête plate et dilatée, d’une vipère naja dont les anneaux se tordaient convulsivement autour de sa jambe. Le terrible reptile usait ses crochets contre le cuir épais des chaussures de Canon. Elle avait au moins quatre pieds de longueur.

— Hào ! répéta Canon en reconnaissant à quel animal il avait à faire, la jolie bête ! Avez-vous un mouchoir de soie ?

Je venais de tirer un poignard de ma poche et je me préparais à faire plusieurs morceaux de la naja.

— J’ai ma cravate, répondis-je en dénouant le foulard blanc que je portais au cou.

— Parfait ! remettez alors votre poignard en place. Il nous faut la vipère vivante.

J’obéis en lui demandant du regard ce que je devais faire. Il pesait toujours de tout son poids sur le reptile, dont la colère avait fait gonfler la tête de plus de moitié.

— Agacez-la, me dit-il, en lui présentant à mordre le foulard, puis, seulement lorsqu’elle l’aura saisi pour la cinquième ou sixième fois, tirez rapidement à vous.

Je pris le mouchoir de soie par un des angles, et je me mis à en frapper la naja sur les yeux et sur la gueule.