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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/309

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l’ordre aux chefs de pièces de suivre les embarcations du large et d’être prêts à tirer. Qu’on soit paré aux cartahuts des filets !

Les hommes pesèrent un peu sur les drisses de ces mailles serrées qui, en s’élevant brusquement des bastingages à mi-mâts, devaient être un obstacle infranchissable pour les pirates, les chefs de pièces firent jouer le marteau de leurs caronades et s’accroupirent à la hauteur des points de mire, en conservant toujours le long de la volée les embarcations ennemies, et les matelots, cachés derrière les lisses et grimpés sur les râteliers, firent briller les lames aiguisées de leurs poignards.

On eût entendu dans le silence de la nuit les respirations de tous ces hommes.

Bientôt les arbres flottants dépassèrent la dunette du contrebandier. De chacun d’eux, un proa monté de quinze ou vingt Malais se détacha. Deux ou trois des embarcations se glissèrent sous la forme de l’arrière, les autres continuèrent leur route en s’échelonnant le long du bord.

Spilt suivait leurs mouvements, couché sur le gui dans les plis de la brigantine.

Tout à coup un cri sauvage sorti de cent poitrines se répercuta sur la rade : les pirates s’élançaient dans les chaînes des haubans, s’aidant des tireveilles, des échelles de l’arrière, des pistolets d’embarcations, de tout enfin pour bondir à bord.

— Hissez ! commanda sir John de cette voix puis-