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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/355

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la terre, se nourrissant de la pêche, et du riz que produisent les rizières artificielles qui entourent ces demeures maritimes, foyers d’épidémie où grouillent des myriades d’enfants.

Lorsque le Si-Kiang couvre de son inondation les campagnes de ses rivages, c’est un singulier spectacle que celui qu’offrent aux yeux cette longue ville flottante, ces bateaux de toutes les tailles, de toutes les formes, surchargés de constructions bizarres élevées suivant l’accroissement de la famille et le besoin du propriétaire, et entourés de leur vert cordon de rizières. Ce n’est plus que dans cette misérable classe qu’on trouve encore des exemples de cette coutume barbare qui fait jeter à l’eau les enfants qui naissent avec des difformités.

Nous suivîmes le rivage de l’île de Whampoa jusqu’à la pointe Howqua, où, traversant le fleuve dans toute sa largeur, nous nous lançâmes sur la rive gauche, le courant y étant moins rapide. Nous donnâmes ensuite dans le passage entre l’île Kupper et la terre, et nous pûmes juger que nous approchions de Canton : Les bateaux mandarins se croisaient dans tous les sens, de lourdes jonques se laissaient aller au courant, la population flottante était plus nombreuse, une foule d’embarcations descendaient vers Whampoa. Bientôt, en effet, nous fûmes par le travers du fort French-Folly, c’est-à-dire à l’entrée de la rade, où le fleuve n’a pas moins de trois quarts de mille de largeur.