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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/398

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signe d’admirer comme moi l’effet charmant que produisait, en élevant comme des curieux leurs têtes feuillues au-dessus de la brume, les masses de palmiers qui couvraient la petite île de Nias, vers laquelle, en doublant le fort Macao, descendait rapidement la yole.

— Vous ne me croyez pas ? continua-t-il ; cela est cependant. Vous vous rappelez le coup de vent que nous avons eu par le travers de la pagode de Jaggernaut ?

Je fis signe que je me souvenais parfaitement.

— Il y avait déjà plus d’un grand mois que ces tristes événements avaient eu lieu ; eh bien ! tout à coup, au milieu de la tempête, il m’a semblé revoir tous ces fantômes et j’ai, pour ainsi dire, eu peur, moi ! Lorsque vous êtes parti pour Chandernagor, vous étiez à peine au bout de la rade que, saisi brusquement d’un sinistre pressentiment, j’ai voulu vous rappeler. C’est certainement bien par miracle que vous êtes revenu à bord, et, pendant votre absence, j’ai failli moi-même être assassiné. Ne vous ai-je pas prédit, à une heure près, l’attaque des pirates de Banca ? Si nous n’avions pas aussi bien pris toutes nos mesures, nous ne leur eussions pas échappé. J’ai fait tout mon possible pour vous dissuader de venir à Canton, que va-t-il nous arriver ? Tout cela est bien étrange ! Je ne me reconnais plus moi-même.

— Allons, allons ! mon cher commandant, interrompis-je en lui prenant la main, je crois que