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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/419

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femme, je la sauverai ; tâchez, vous, de nager jusqu’à terre.

Je n’eus pas le temps de répondre. Le canot donna immédiatement deux ou trois coups de talon, et, avant que j’aie pu voir à quelle distance nous étions du rivage, il s’entrouvrit au milieu des brisants qui nous entouraient. J’entendis, avant d’être couvert par la lame, les cris de désespoir de nos hommes, et je vis le contrebandier saisir dans ses bras musculeux madame Lauters dont le visage à l’approche de la mort qui la menaçait, n’avait rien perdu de son calme et de son insouciance. La pauvre créature ne pouvait plus souffrir.

Je me débattais depuis quelques instants contre les vagues, me déchirant les jambes aux rochers et ne sachant pas, tant la nuit était noire, de quel côté je devais me diriger, lorsque je sentis que je mettais le pied sur le sable. En me soulevant, je m’assurai que je n’avais de l’eau que jusqu’à la ceinture, et je distinguai, à vingt pas de moi, sur le rivage, Canon tenant toujours dans ses bras la jeune femme.

Dix secondes après, j’étais auprès de lui.

Deux de nos hommes seulement avaient abordé du même côté que nous, mais nous savions les autres trop bons nageurs pour ne pas espérer qu’ils avaient pu, eux aussi, gagner la terre. Nous devions donc nous estimer fort heureux de n’avoir pas de plus grand malheur à déplorer que la perte de notre embarcation.

L’endroit où nous avions trouvé refuge était un