Aller au contenu

Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quant à Marguerite, lorsque après une de ces scènes dont nous venons de parler, elle rentrait dans sa chambre virginale et qu’elle y rêvait aux chastes confidences que lui avait faites quelqu’une de ses jeunes amies, son cœur se gonflait et les larmes lui venaient aux yeux. Elle n’eût pu dire pourquoi, mais elle redoutait l’avenir.

Le calme se faisait ensuite dans son esprit et dans son cœur ; et, quelques instants après, en la voyant revenir souriante, son père se disait qu’il était fou, que sa fille ne le quitterait jamais, l’aimait plus que tout au monde, était complètement heureuse, et il la prenait sur ses genoux.

Pour lui, Marguerite avait toujours quinze ans ; c’était toujours une fillette dont la plus grande douleur pouvait être apaisée avec un bijou nouveau.

Les choses durèrent ainsi jusqu’à l’époque où Mlle Rumigny atteignit dix-neuf ans, et son père, que la musique absorbait de plus en plus, ne s’apercevait pas, ou plutôt ne voulait pas s’apercevoir, son égoïsme le lui défendait, du changement moral et physique qui se faisait en elle, lorsqu’il lui dit un matin en se mettant à table :

— J’ai une grande nouvelle à t’apprendre, mon enfant.