Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/231

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vantée de ce qu’elle venait d’avoir la hardiesse d’accomplir.

Les chevaux parcoururent au galop la route poudreuse, mais lorsqu’ils modérèrent leur allure pour gravir la montagne que couronne la forêt de Monchenot, l’étranger s’aperçut que la jeune fille pleurait.

— Marguerite, lui dit-il, en abaissant doucement ses mains dont elle se couvrait le visage, je ne veux pas vous devoir à un moment d’exaltation et de désespoir. Je vous aime de toutes les forces de mon âme, mais plutôt que de vous entendre pleurer, que de vous faire souffrir, j’aimerais mieux sacrifier mon amour, ce sacrifice dut-il me coûter la vie ! Il en est temps encore : nous pouvons, si vous le voulez, reprendre la route que nous venons de parcourir. Je vous reconduirai jusqu’à votre porte et m’éloignerai pour toujours. Jamais, je vous le jure, ni votre père ni vous n’entendrez parler de moi !

Marguerite ne répondit à ces paroles d’abnégation et d’amour qu’en attirant la tête de l’Italien contre sa poitrine et en murmurant à son oreille :

— Robert, je suis votre femme et je vous aime !

Deux heures plus tard, les fugitifs prenaient