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Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/294

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À quelques pas d’elle se dressait la pagode ; non loin de là les pâles rayons de la lune dessinaient de nombreuses pierres tumulaires à demi cachées sous les aloès et les cactus.

Ils étaient au cimetière hindou de Velpoor.

— Nous sommes arrivés, dit miss Ada à Roumee en sautant à terre ; attache ces chevaux à un arbre et suis-moi.

Le cipaye obéit.

La jeune fille avait relevé sa robe et se dirigeait hardiment vers une misérable case où tout semblait endormi.

Roumee était venu aux renseignements la veille. On lui avait indiqué cette demeure comme étant celle du gardien de la nécropole.

C’était bien chez cet homme que se rendaient Ada et Roumee.

— Tu es sûr que c’est là, demanda l’Anglaise au Mahratte lorsqu’il l’eût rejointe auprès de la case.

— J’en suis certain ! Du reste, vous le voyez, cette maison est isolée, nous ne pouvons nous tromper.

— Et il vit seul ?

— Tout seul, à ce qu’on m’a assuré.

— Frappe alors et fais ouvrir. Pourvu qu’il ne soit pas absent !

Roumee chercha la porte, et lorsqu’il l’eut trouvée, l’ébranla plusieurs fois inutilement.

L’écho seul lui répondit ; aucun bruit ne se faisait entendre à l’intérieur de la case.

— Frappe plus fort, dit le jeune fille impatientée. Il dort sans doute.

Le cipaye allait renouveler sa tentative, lorsque des aboiements longuement répétés résonnèrent du côté du cimetière.

Un homme en sortait en fermant la porte derrière lui.

C’était celui qu’ils cherchaient.

— Que voulez-vous ? demanda-t-il en se rapprochant et sans savoir encore à qui il avait affaire.

— Te parler, répondit miss Ada en s’avançant vers lui.

— Une femme ! s’exclama l’Hindou avec méfiance.

— Tu es le gardien du cimetière de Velpoor, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Tu habites seul cette maison ?

— Tout seul. Sania n’a plus de femme, plus d’enfants, plus d’autre famille que les morts.

— C’est bien toi que je cherche. Entrons dans ta case, j’ai une proposition à te faire.

— Mais…

— Allons, prends ceci.