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Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/342

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minutes après il le rejoignit, accompagné de cinq soldats du 1er régiment d’artillerie, que sir Arthur l’avait autorisé à emmener avec lui.

L’un d’eux était un grand diable de cavalier maigre, blême, barbu, d’une charpente osseuse, et qui faisait avec Stilson le plus étrange contraste.

Il se nommait Somney et guerroyait depuis quinze ans dans l’Inde.

Il devait, ainsi que sir George et Stilson, voyager à cheval, mais ses hommes s’étaient hissés sur un éléphant auprès des objets de campement et des provisions.

Le capitaine George avait pensé que le meilleur moyen de retrouver Nadir était de se mettre à la poursuite de miss Ada, et, comme il pouvait se faire que la jeune fille eût pris des chemins détournés, il ne voulait pas risquer de coucher tout à fait, lui et ses compagnons, à la belle étoile, d’autant plus que la saison des pluies arrivait et que les nuits pouvaient être glaciales.

Le premier soin de sir George fut de se diriger vers Bider où la petite caravane arriva le soir même.

Le colonel Maury lui avait dit que c’était cette ville qui avait été la première station de miss Ada.

Effectivement, le capitaine y apprit du commandant militaire auquel avait été recommandée la jeune fille, qu’elle s’était arrêtée là vingt-quatre heures et qu’elle était repartie en prenant le chemin de Kowlas.

Sir George résolut de s’y rendre la nuit même.

Bien que ses compagnons et lui voyageassent à cheval et sur un éléphant et que miss Ada fit la route en palanquin, c’est-à-dire au trot de ses porteurs, elle avait une telle avance qu’il n’y avait pas un jour, une heure à perdre s’il voulait la rejoindre.

La petite troupe traversa la rivière la Meijeira aux rayons de la lune, puis, une fois sur la chaussée, repartit au galop.

Somney ne disait pas un mot ; Stilson poussait çà et là un jurement et un soupir ; sir George éperonnait son cheval sans s’inquiéter autrement de ceux qui le suivaient.

À Kowlas, on se souvenait du passage de la jeune Anglaise ; mais elle y avait séjourné une demi-journée à peine, et elle s’en était éloignée, il y avait déjà plus de huit jours, pour gagner Bhiir par la vallée du Godavery.

Tous ces renseignements étaient exacts, car à Kandahr, le capitaine retrouva les traces de miss Ada, et lorsqu’après avoir dépassé Daroun il arriva à Bhiir, il apprit avec joie qu’elle n’avait plus guère que quarante-huit heures d’avance sur lui.

Le sous-officier anglais qui commandait les quelques cipayes que le colo-