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Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/56

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Puis on avait arrêté des personnages considérables, des marchands qu’on n’aurait jamais soupçonnés, des propriétaires indigènes, des prêtres jusque-là vénérés ; cent individus enfin qui jouissaient de la considération publique et de l’estime générale.

Le vieux Roop-Singh, enlevé à ses parents, à ses amis et à ses voisins, au milieu desquels il vivait respecté depuis plus de dix années, était au fort Saint-Georges.

Un tribunal d’inquisition avait été organisé sous la présidence du capitaine Reynolds.

Enfin la chambre criminelle (Suddur Nozanust Adalut) avait été définitivement constituée et était prête à juger immédiatement et sans appel tous les Thugs qui allaient être amenés devant elle.

Quinze jours passèrent, et les plaintes contre le gouvernement commençaient à se faire entendre dans les meetings, lorsque tout à coup on apprit que la bande d’Hyder-Ali venait d’être faite prisonnière, presque tout entière, par les troupes du colonel Sleeman, après un combat meurtrier, et que l’on avait arrêté à Tanjore, à Tritchinapaly et dans d’autres villes de la province, un grand nombre d’affiliés aux Étrangleurs.

Ce fut un immense cri de joie.

Les bonnes nouvelles se multiplièrent rapidement, et les événements se succédèrent pour les confirmer.

En effet, on vit bientôt arriver dans la ville des prisonniers par groupes de quinze à vingt hommes.

Lorsqu’on sut que les troupes du colonel Sleeman allaient rentrer à Madras avec la bande dont elles s’étaient emparées, toute la population se précipita à leur rencontre.

De la porte Meliapour au fort Saint-Georges, la marche des soldats fut un triomphe.

Au milieu d’eux marchaient, enchaînés deux par deux, deux cent vingt-trois Étrangleurs, hâves, décharnés, sanglants, mais ne paraissant pas s’inquiéter des malédictions de la foule.

Ce fut un hourrah de triomphe lorsque la porte de la prison se referma sur les prisonniers maudits.

Moins de quinze jours après ces premières arrestations, qui s’étaient continuées, la nouvelle de l’ouverture de la chambre criminelle et de la mise en jugement d’un certain nombre d’Étrangleurs fut accueillie avec un enthousiasme indescriptible.

On allait donc savoir la vérité.