Aller au contenu

Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’une seule chose : que j’évite toutes les occasions de rencontrer Mme Noblet ; mais laissez-moi ici afin que je sois toujours, prêt à répondre à son appel ou au vôtre, le jour où je pourrai vous être bon à quelque chose. De cette façon, elle ne se doutera de rien, elle ne verra dans ma réserve qu’une conduite dictée par la prudence… et je souffrirai seul !

— Oui, vous avez raison ; je ne saurais, en effet, expliquer votre départ à Éva ; et puis, ce serait trop cruel de vous éloigner. Alors, restez ! À la grâce de Dieu, qui, je l’espère, nous protégera tous !

Et la digne femme, après avoir serré affectueusement la main de Gilbert, remonta chez elle, plus émue encore qu’elle ne le laissait paraître.

Sa nièce l’attendait impatiemment.

— Eh bien ! lui demanda-t-elle en la voyant paraître, M. Ronçay me pardonne-t-il ce second ennui, que je lui ai causé ?

— Ma chérie, lui répondit Mme Bertin, encore sous l’impression de son entretien avec le sculpteur et de ce qu’elle avait vu chez lui, M. Ronçay est un bon et noble cœur. Pourquoi le ciel ne t’a-t-il pas donné un mari comme lui ?

Éva devint toute pâle, et, sans prononcer une parole, tendit à sa parente une dépêche qu’elle venait de recevoir.

M. Mansart annonçait à sa jolie cliente que son affaire serait appelée le surlendemain et qu’il plaiderait le jour même.

— Enfin ! Dieu soit loué ! s’écria la bonne tante,