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Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/130

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d’ailleurs prévenue que cette première audience ne se terminerait par aucune solution, et que le jugement ne serait rendu que dans trois semaines au plus tôt, les débats des causes civiles se poursuivant d’ordinaire de huitaine en huitaine.

La foule était énorme, car, à la nouvelle de ce procès, déjà fort intéressant par lui-même et que, de plus, grâce aux indiscrétions des journaux, on savait intenté surtout à M. de Tiessant, la curiosité du tout Paris pour le célèbre pamphlétaire s’était réveillée.

Il y avait là des écrivains, des artistes, des gens du monde, qui avaient connu Éva fillette, se souvenaient de sa beauté, de son esprit, de son entrain, et désiraient savoir par quel triste enchaînement elle était arrivée si rapidement à être mère de famille et malheureuse.

Derrière ces curieux, deux hommes se tenaient discrètement dans un coin, aux derniers rangs de l’auditoire : Ronçay et Raymond Bernel.

Le sculpteur n’avait pas eu besoin de faire à son ami des demi-confidences. Le docteur était resté longtemps sans rien savoir autre chose que la scène à laquelle Gilbert s’était trouvé mêlé fatalement ; mais un jour qu’il sortait avec lui, il avait rencontré Mme Noblet et remarqué son salut affectueux. Sa ressemblance avec « la Vierge des flots » l’avait frappé, et il avait compris pourquoi le créole était depuis quelque temps plus rêveur, plus sage, plus casanier que jamais.