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Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/167

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Ces diverses pensées absorbaient à ce point Mlle de Tiessant qu’elle n’entendit pas ouvrir la porte de la pièce, ni ne vit venir à elle le directeur de la prison. Celui-ci dut, avant qu’elle l’eût compris lui répéter deux fois :

— Madame, vous êtes demandée au petit parquet ; êtes-vous en état de vous y rendre ?

— Oh ! pardon, monsieur. Au petit parquet ?

— C’est là où vous devez être interrogée d’abord. Ne vous tourmentez pas. Il ne s’agit que de comparaître devant un magistrat qui est seul, dans son cabinet, avec un greffier.

— Merci ! Oui, je puis marcher. Permettez-moi de dire adieu à ces bonnes sœurs.

La supérieure, vers laquelle Mme Noblet s’était tournée en se levant, l’embrassa avec tendresse lui recommanda encore d’avoir confiance en Dieu et l’accompagna jusque sur le seuil de l’infirmerie, d’où elle retourna au Dépôt.

Dans le hall, le directeur remit Éva aux mains d’un garde municipal, et elle sortit de la prison pour se rendre, en suivant des galeries en construction, chez le magistrat qui siégeait ce jour-là au petit parquet.

Le petit parquet est une juridiction toute spéciale, une sorte de Tribunal d’examen préliminaire. C’est là où tout individu arrêté en flagrant délit est amené devant un substitut qui, après l’avoir entendu, juge si l’arrestation est légale, si le délinquant peut être mis en liberté provisoire sous simple promesse de