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Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/190

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le directeur dans son cabinet où, presque aussitôt, une religieuse vint les rejoindre.

M. Roussel salua respectueusement la nouvelle venue et dit à Mme Noblet :

— Voici madame la supérieure.

Mlle de Tiessant se tourna vivement de son côté, comme pour lui demander sa protection.

C’était une femme d’une cinquantaine d’années, aux traits réguliers et fins sous sa coiffe blanche et bleue, aux yeux profonds, aux mains délicates et soignées. Son visage émacié, d’une couleur de cire, disait les douleurs de son passé, et le sourire résigné de ses lèvres pâles exprimait qu’elle ne pouvait plus souffrir que des souffrances d’autrui. Elle était dans la maison depuis près d’un quart de siècle. On ignorait le nom qu’elle avait porté jadis. On ne l’appelait plus que sœur Sainte-Marthe.

Le directeur la prit à l’écart, lui donna ses instructions, et la religieuse invita Mme Noblet à l’accompagner.

La condamnée obéit. Après lui avoir fait gravir deux étages et parcourir un couloir fermé par une grille et sur lequel ouvraient une douzaine de portes, sœur Sainte-Marthe l’introduisit dans la cellule ou plutôt la chambre où elle devait subir sa peine. Chambre plus que modeste, avec des murs blanchis à la chaux, un parquet carrelé, une fenêtre sans rideaux et défendue par d’épais barreaux ; et pour mobilier, trois couchettes de fer avec une paillasse et deux matelas, six chaises communes, une table,