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Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/210

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XII

Éva et Gilbert s’aimaient depuis déjà deux ans, et pas un nuage, pas un regret, rien enfin n’était venu troubler leur bonheur. Ils ne se souvenaient du passé que pour se sentir liés plus étroitement encore par les épreuves mêmes qu’ils avaient subies. Leur union se cimentait de toutes les douleurs qui les avaient, en quelque sorte fatalement, jetés dans les bras l’un de l’autre.

Mme Bertin n’avait pas tenu rigueur à sa nièce un seul instant.

Lorsque celle-ci lui était arrivée, fort tard, dans la soirée, le jour de sa sortie de Saint-Lazare, à l’heure où elle devait toujours la croire en prison, et qu’au lieu de lui sauter au cou, elle s’était agenouillée près de son lit en disant : « Ma bonne tante, je ne suis plus digne de votre affection, je viens de chez M. Ronçay qui m’aime et que j’aime, » l’excellente femme avait eu un premier moment de surprise ; puis,