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Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/251

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Éva put donc poursuivre sa carrière en toute liberté, travaillant sans relâche, ne se laissant rebuter par aucune de ces difficultés qui découragent les artistes à leurs débuts, jouant le plus souvent possible, non seulement a l’Odéon, mais partout, chez Ronçay, dans les fêtes de bienfaisance ; et elle se montra si intelligente dans les rôles qu’on lui confia pendant l’hiver, ses progrès furent si rapides, que, la saison terminée, les critiques de théâtre les plus autorisés étaient convaincus qu’il lui suffirait d’une création de quelque importance pour prendre place parmi les meilleures comédiennes de Paris.

En attendant, comme l’été était venu, Mlle de Tiessant cessa d’être Mme Daltès et reprit sa liberté, pour se sauver en Bretagne avec Gilbert, qui avait loué de nouveau la Folie-Lainé.

Ils avaient hâte de retrouver Plouenec, avec ses ouragans, ses horizons immenses, ses flots déchaînés, ses falaises abruptes et ses sauvages solitudes, où ils étaient si bien tout entiers l’un à l’autre. Ils partaient d’autant plus gaiement que Raymond leur avait promis de venir passer quelques jours auprès d’eux.

Mais c’était surtout Ronçay qui s’éloignait avec bonheur de Paris, où il menait depuis six mois, sans qu’il se fût jamais plaint, une existence atroce, car il ne parvenait pas à prendre son parti de la carrière que suivait son amie.

Pendant le jour, lorsqu’elle répétait, il n’avait pas l’énergie de se mettre au travail et passait son temps