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Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/264

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tendus en diable. La mer n’aime pas la femme, elle la traite en rivale jalouse ! Bref, emploie tous les moyens pour la calmer au moral et au physique. Donne-lui à lire les Mousquetaires au lieu des Contes d’Edgar Poe ; qu’elle mange plus d’œufs à la coque et de blancs de poulet que de truffes et d’écrevisses à la bordelaise ; persuade-lui que l’odeur des roses te donne des névralgies ; cela la décidera à cesser de faire de son appartement une officine d’énervement ; enfin, mon cher ami, aimez-vous mieux et adorez-vous moins ! Voilà le résumé de ma consultation !

Bernel avait lancé ces derniers mots d’un ton si gai que Ronçay se sentit tout rassuré, et lorsqu’il fut question pour Éva de prendre une décision à propos de l’Italie, il l’autorisa à accepter les propositions qui lui étaient faites, mais à deux conditions : d’abord, jusqu’au moment de son départ, elle abandonnerait, à peu près du moins, tout exercice violent, car il était nécessaire qu’elle fît provision de forces pour sa tournée artistique, et ensuite il était bien convenu qu’en revenant de ce voyage, elle quitterait tout à fait le théâtre si elle ne trouvait pas à se caser brillamment à Paris.

Mlle de Tiessant signa ce double engagement par un long baiser, et un mois plus tard, elle prenait avec sa femme de chambre le chemin de fer de Turin, le cœur bien gros de quitter tous ceux qu’elle aimait, Gilbert, Blanche, Mme Bertin, le docteur Bernel, mais pleine de santé, de courage et d’espoir.

Retenus par des travaux importants qui lui étaient