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Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/269

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joie d’apprendre que tu as enfin abandonné ton existence de désordre et que tu as cessé d’être un objet de scandale, pour demander au Tout-Puissant, toi aussi, le pardon de tes fautes. Seul ce pardon, tu le sais, te permettra de retrouver dans une autre vie les chers morts qui, là-haut, implorent pour nous deux. »

Après avoir lu cette lettre où son père demeurait l’impitoyable qu’il avait toujours été pour elle, où il ne se trouvait pas même un de ces mots affectueux que son renoncement au monde et par conséquent à sa haine aurait dû lui dicter, où il ne lui était parlé de sa mère et de son frère que pour l’outrager de nouveau, et de Dieu, que pour la menacer de sa colère, Mlle de Tiessant s’était sentie mourir, et sa femme de chambre n’avait eu que le temps de la prendre dans ses bras pour l’étendre sur son lit.

Pendant quelques instants, Éva demeura immobile, anéantie, puis, tout à coup, se soulevant à demi, elle porta les deux mains à sa poitrine, comme pour la délivrer d’un poids énorme qui l’étouffait, et d’une voix étranglée, courbée en deux, elle poussa de douloureux gémissements.

Supposant que sa maîtresse n’était atteinte que d’un de ces accès dont elle avait été témoin déjà plusieurs fois, Jeanne lui prodigua les soins accoutumés en pareilles circonstances ; mais loin de s’apaiser, les souffrances de la malheureuse devenaient plus aiguës encore.

Bientôt, quoiqu’elle parût respirer sans difficulté,