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Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/285

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adressé au docteur Bernel, mais ce n’est pas de vous ! N’est-ce pas, madame ?

— Voyons, répondit Éva, en s’emparant du pli que lui tendait sa domestique.

Et, après avoir jeté un coup d’œil sur l’enveloppe, elle ajouta aussitôt :

— C’est l’écriture de M. Tavini et c’est bien adressé à M. Bernel. Comment sait-il où il demeure ? Te l’a-t-il demandé ?

— Non, madame.

— M. Tavini a laissé tomber cette lettre en s’en allant. Que peut-il dire à son confrère ?

— C’est peut-être M. Ronçay qui a prié M. Bernel de lui demander de vos nouvelles.

— Le docteur est absent de Paris depuis plus d’un mois.

— Alors je ne sais pas. Je vais renvoyer cette lettre à M. Tavini ; donnez !

— Non ! non ! Je veux savoir !

Et par un mouvement brusque, comme si elle craignait que, si elle y réfléchissait une seconde, le courage de son indiscrétion ne lui manquât, elle déchira l’enveloppe et se mit à lire la lettre qu’elle en avait enlevée.

Alors Jeanne, qui n’avait osé s’opposer à la curiosité de sa maîtresse, la vit successivement secouer la tête et pâlir, jusqu’au moment où, ayant terminé sa lecture, elle lui dit, avec un calme effrayant :

— Tiens, lis toi-même ; lis jusqu’au bout !