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Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/34

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— Oui, madame, dit Jeanne en l’enveloppant d’un grand manteau. Prenez garde d’avoir froid. Il fait un temps affreux !

— Oh ! n’aie pas peur, je vais bien aujourd’hui.

Et comme, toute fière d’être aussi vaillante, elle était sortie la première, le sculpteur la rejoignit et mit doucement son bras sous le sien, car il savait que trop souvent ses forces n’égalaient pas son courage.

Cependant elle monta presque lestement dans le landau qui attendait au bas de l’escalier, devant la porte du vestibule. Gilbert prit place auprès d’elle, après avoir dit au cocher où il devait aller, et la voiture sortit de la cour.

L’orage éclatait. Dans les nuées opaques qui enveloppaient la ville d’une ombre crépusculaire, c’était un grondement incessant de la foudre et un incendie d’éclairs. On eût dit entendre le roulement sinistre d’un gigantesque train d’artillerie.

Éva n’avait certes pas peur, mais son état maladif la rendait nerveuse à l’excès. Quelques efforts qu’elle fît pour résister à l’influence toute physique qu’avait sur elle l’électricité répandue dans l’atmosphère, elle n’y parvenait pas. Elle s’était blottie contre son amant, les yeux fermés, les mains glacées, le cœur battant à se rompre.

Cependant le landau poursuivait sa route par la rue Parombella, sous une pluie torrentielle. Il traversa ainsi la place Saint-Eustache pour gagner la piazza Novana, où « les quatre parties du monde » de Bernini, groupées en fontaine, mêlaient leur filet