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Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/346

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mieux, plus complètement encore, je te le jure !

Ronçay s’était rejeté en arrière, le sourcil froncé, un sourire de doute aux lèvres.

— Tu ne me crois pas, reprit-elle. Eh bien ! tu as tort et je vais te le prouver. Je t’aime à devenir criminelle !… Mais, non, non, tu ne dois pas savoir cela ! Tu me prendrais en haine, en horreur ! Je ne t’aime plus ? Ah ! Gilbert, si tu savais !

Elle se cachait le visage dans ses oreillers et sanglotait.

— Qu’as-tu donc ? lui demanda le sculpteur, en se penchant sur elle, tout inquiet de ce nouvel accès de désespoir, dont il ne pouvait s’expliquer les causes. Je t’en prie, calme-toi ! Oui, oui, tu m’aimes toujours, et, de ce seul amour qui te soit permis aujourd’hui, je devrais être le plus heureux des hommes. Il ne faut pas m’en vouloir si je manque parfois de courage ! Mais je ne te quitterai plus, je resterai toujours ici, près de toi. Je ne te demanderai plus rien !

Il avait pris sa tête à deux mains et couvrait son front de baisers, sans que, cette fois, elle se défendît.

Mais après avoir succombé pendant quelques secondes à cette ivresse, Mlle de Tiessant se redressa brusquement, repoussa Ronçay et lui dit dans une sorte de délire d’expiation :

— Non, je ne suis plus ton Éva, ton adorée ; je n’ai plus droit ni à ton estime, ni à ta tendresse ! Laisse-moi, je suis une misérable ! Je ne veux plus