Aller au contenu

Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/355

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

recommander quand il s’en va, répondit-elle : Veillez bien sur madame, ne la laissez pas seule, tâchez de la distraire, empêchez Blanche de la fatiguer, ne permettez à personne de la voir sans que Mme Bertin ait été prévenue.

— Mon bon Gilbert ! Tu l’aimes bien, toi aussi ?

— Comment ne l’aimerait-on pas ? Ma foi, je l’aime presque autant que je vous aime !

— Brave fille ! Tu m’aimes donc vraiment, mais là, vraiment ?

— Oh ! vous n’en doutez pas ! Si je pouvais vous le prouver plus encore que je ne l’ai fait jusqu’ici, je n’hésiterais pas une seconde !

— Tiens, assieds-toi là, tout près.

Elle lui montrait un coussin, contre la chaise longue où elle s’était étendue.

Jeanne obéit et la malade reprit tout de suite, en lui saisissant les deux mains :

— Alors, si je te demandais… Mais non, non, je n’oserai jamais !

— Vous n’oserez jamais ! Pourquoi ? N’avez-vous donc pas confiance en moi ? Ne suis-je pas pour vous un peu plus qu’une servante ?

— Tu es une amie, et je t’aime bien, moi aussi ! Mais mon Dieu, comment lui dire cela ?… Et cependant tu peux me sauver du désespoir.

— Et vous ne parlez pas ! Voyons, c’est moi qui vous en conjure, moi qui donnerais ma vie pour vous rendre la bonheur à vous et à M. Gilbert.

— Tu donnerais ta vie ? Eh bien !… Ah ! non, dé-