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Page:Renan - Ecclesiaste - Arlea.djvu/110

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on peut le trouver hardi, libre même ; jamais il n’est immoral ni obscène. L’auteur est un galant homme, non un professeur de libertinage, et c’est ce qu’il serait vraiment si la fin du livre renfermait les étranges sous-entendus admis par M. Grætz.


Le texte du Cohélet est, avec le texte du Livre des Psaumes, la partie de la Bible où il y a le plus de fautes de copistes. Toutes les fautes, comme je l’ai déjà dit, proviennent des confusions auxquelles prête l’alphabet carré. La comparaison du texte massorétique avec les anciennes versions prouve que la supposition de pareilles fautes n’est pas le fait d’une critique aux abois. Cette comparaison fournit déjà le moyen de corriger plusieurs des altérations du texte hébreu. La paléographie fournit un instrument critique bien autrement efficace. Le progrès de l’épigraphie sémitique tirera enfin l’exégèse biblique de l’impasse où elle était engagée. La vieille école, qui s’obligeait à expliquer le texte tel qu’il est, même quand notoirement il est corrompu, paraîtra puérile. Mais l’école qui substitue arbitrairement des leçons commodes à tout ce qui l’embarrasse ne sera pas moins condamnée. À défaut de la comparaison des manuscrits, qui, en ce qui touche la Bible, est inféconde ou épuisée, un seul moyen reste à la critique pour tâcher de retrouver le texte primitif de ces antiques livres, dont quelques-uns ont été fortement viciés par les copistes : c’est de se les figurer écrits dans l’alphabet où ils furent composés et où ils subirent leurs