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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/146

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aucun Juif n’en avait jusque-là voué au fils d’une femme.

Ce mystère, que Dieu préparait depuis l’éternité, la maturité des temps étant venue, il l’a révélé à ses saints des derniers jours. Le moment est arrivé où chacun doit compléter pour sa part l’œuvre de Christ ; or on complète l’œuvre de Christ par la souffrance ; la souffrance est donc un bien dont il faut se réjouir, se glorifier. Le chrétien, en participant de Jésus, est rempli comme lui de la plénitude[1] de la divinité. Jésus, en ressuscitant, a tout vivifié avec lui. Le mur de séparation que la Loi créait entre le peuple de Dieu et les gentils, Jésus l’a fait tomber ; avec les deux portions de l’humanité réconciliées, il a fait une nouvelle humanité ; toutes les vieilles haines, il les a tuées sur la croix. Le texte de la Loi était comme le billet d’une dette dont l’humanité ne pouvait s’acquitter ; Jésus a détruit la valeur du billet, en le clouant à sa croix. Le monde créé par Jésus est donc un monde entièrement nouveau ; Jésus est la pierre angulaire du temple que Dieu se bâtit. Le chrétien est mort à la terre, enseveli avec Jésus au tombeau ; sa vie est cachée en Dieu avec Christ. En attendant que Christ apparaisse et l’associe à sa gloire, il mor-

  1. Πλήρωμα. Col., ii, 10 ; Ephes., iii, 19 ; comp. Jean, i, 16.