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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/207

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morale. La fête de l’univers manquerait de quelque chose, si le monde n’était peuplé que de fanatiques iconoclastes et de lourdauds vertueux.

On ne saurait nier que le goût de l’art ne fût chez les hommes de ce temps vif et sincère. On ne faisait plus guère de belles choses ; mais on recherchait avidement les belles choses des siècles passés. Ce même Pétrone, une heure avant de mourir, faisait casser son vase myrrhin, pour que Néron ne l’eût pas[1]. Les objets d’art atteignaient des prix fabuleux. Néron en raffolait[2]. Épris de l’idée du grand, mais y joignant aussi peu de bon sens qu’il est possible, il rêvait des palais chimériques, des villes comme Babylone, Thèbes et Memphis. La demeure impériale sur le Palatin (l’ancienne maison de Tibère) avait été assez modeste et d’un caractère essentiellement privé jusqu’au règne de Caligula[3]. Ce dernier, qu’il faut considérer en tout comme le créateur de l’école de gouvernement où l’on croit trop volontiers que Néron n’eut pas de maître, agrandit considérablement la maison de Tibère[4]. Néron affectait de s’y trouver

  1. Pline, XXXVII, ii (7).
  2. Suétone, Néron, 47.
  3. Voir les plans photographiés des fouilles de M. Rosa. Étudier surtout la maison de Livie.
  4. Suétone, Caius, 22.