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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/227

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confrérie[1]. De là naît un soupçon, corroboré par ce fait incontestable que les juifs, avant la destruction de Jérusalem, furent les vrais persécuteurs des chrétiens et ne négligèrent rien pour les faire disparaître[2]. Une tradition très-répandue au IVe siècle voulait que la mort de Paul et même celle de Pierre, qu’on ne séparait pas de la persécution de l’an 64, eussent eu pour cause la conversion d’une des maîtresses et d’un favori de Néron[3]. Une autre tradition y vit une conséquence de la défaite de Simon le Magicien[4]. Avec un personnage aussi fantasque que Néron, toute conjecture est hasardée. Peut-être le choix des chrétiens pour l’affreux massacre ne fut-il qu’une lubie de l’empereur ou de Tigellin[5]. Néron n’avait besoin de personne pour concevoir un dessein capable de déjouer par sa monstruosité toutes les règles ordinaires de l’induction historique.

  1. Clém. Rom., épître citée, c. 3.
  2. Actes des Apôtres à chaque page. Comp. Actes de saint Polycarpe, 17-18. Notez licet contrarias sibi, dans le discours de Titus. Sulp. Sev. (Tacite), II, xxx, 6.
  3. Voir ci-dessus, p. 11, note 2.
  4. Acta Petri et Pauli, 78 ; Pseudo-Marcellus ; Pseudo-Lin ; Pseudo-Abdias, I, 18 ; Pseudo-Hégésippe, III, 2 ; Grégoire de Tours, Hist. eccl., I, 24.
  5. L’intervention de Tigellin y compromettrait Poppée. « Poppæa et Tigellino coram, quod erat sævienti principi intimum consiliorum. » Tacite, Ann., XV, 61.