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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/229

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ville d’une peste très-meurtrière. Tacite, malgré quelque pitié, est de cet avis[1]. Quant à Suétone, il range parmi les mesures louables de Néron les supplices qu’il fit subir aux partisans de la nouvelle et malfaisante superstition[2].

Ces supplices furent quelque chose d’effroyable. On n’avait jamais vu de pareils raffinements de cruauté. Presque tous les chrétiens arrêtés étaient des humiliores, des gens de rien. Le supplice de ces malheureux, quand il s’agissait de lèse-majesté ou de sacrilège, consistait à être livrés aux bêtes ou brûlés vifs dans l’amphithéâtre[3], avec accompagnement de cruelles flagellations[4]. Un des traits les plus hideux des mœurs romaines était d’avoir fait du supplice une fête, et de la vue de la tuerie un jeu public[5].

  1. Ann., XV, 44.
  2. Néron, 16.
  3. Paul, Sentent., V, xxix, 1 : « Humiliores bestiis objiciuntur vel vivi exuruntur ; honestiores capite puniuntur. » Ulpien, Digeste, 1, 6, pr.. ad legem Juliam peculatus (xlviii, 13). Comp. θεατριζόμενοι, Hebr., x, 33 ; Jos., B. J., VII, iii, 1 ; lettre des Églises de Lyon et de Vienne, dans Eus., H. E., V, 1 ; Mart. Polyc., 11-13 ; Tertullien, Apol., 12 ; Lactance, De mortibus persecut., 13, 21. Mourir dans le cirque était aussi la peine des esclaves criminels. Pétrone, p. 145-146 (éd. Bücheler).
  4. Past. d’Herm., I, vis. iii, 2. Comp. les Actes des martyrs de Lyon (Eus., H. E., V, i, 38) et d’Afrique, § 18 (Ruinart, p. 100).
  5. Philon, In Flaccum, § 10 ; Jos., B. J., VIII, iii, 1 ; Suétone, Néron, 12.