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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/247

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mêlait à tout ce qu’il touchait, il voulut se donner le spectacle de ses rêves. L’image de l’aïeule de Cymodocée se réfracta, comme l’héroïne d’un camée antique, au foyer de son émeraude. En obtenant les applaudissements d’un connaisseur aussi exquis, d’un ami de Pétrone, qui peut-être salua la moritura de quelqu’une de ces citations de poëtes classiques qu’il aimait, la nudité timide de la jeune martyre devint rivale de la nudité, sûre d’elle-même, d’une Vénus grecque. Quand la main brutale de ce monde épuisé, qui cherchait sa fête dans les tourments d’une pauvre fille, eut arraché les voiles de la pudeur chrétienne, celle-ci put dire : Moi aussi, je suis belle. Ce fut le principe d’un art nouveau. Éclose sous les yeux de Néron, l’esthétique des disciples de Jésus, qui s’ignorait jusque-là, dut la révélation de sa magie au crime qui, déchirant sa robe, lui ravit sa virginité.