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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/324

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ombrage aux populations indigènes. La cause du mal, en effet, était plus sociale que religieuse. Dans toute ville ou le judaïsme arrivait à dominer, la vie devenait impossible aux païens. On comprend que le succès obtenu par la révolution juive durant l’été de 66 ait causé à toutes les villes mixtes qui avoisinaient la Palestine et la Galilée un moment de terreur. Nous avons insisté plusieurs fois sur ce caractère singulier qui fait que le peuple juif renferme en son sein les extrêmes et, si on ose le dire, le combat du bien et du mal. Rien n’égale en fait de méchanceté la méchanceté juive ; et pourtant le judaïsme a su tirer de son sein l’idéal de la bonté, du sacrifice, de l’amour. Les meilleurs des hommes ont été des juifs ; les plus malicieux des hommes ont aussi été des juifs. Race étrange, vraiment marquée du sceau de Dieu, qui a su produire parallèlement et comme deux bourgeons d’une même tige l’Église naissante et le fanatisme féroce des révolutionnaires de Jérusalem, Jésus et Jean de Gischala, les apôtres et les zélotes sicaires, l’Évangile et le Talmud ! Faut-il s’étonner si cette gestation mystérieuse fut accompagnée de déchirements, de délire, et d’une fièvre comme on n’en vit jamais ?

Les chrétiens furent sans doute impliqués en plus d’un endroit dans les massacres de septembre 66.