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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/483

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légende : ΝΕΡΩΝ. ΚΑΙΣΑΡ[1]. Ces sortes de calculs étaient familiers aux juifs, et constituaient un jeu cabbalistique qu’ils appelaient ghematria[2] ; les Grecs d’Asie n’y étaient pas non plus étrangers[3] ; au IIe siècle, les gnostiques en raffolèrent[4].

Ainsi l’empereur qui était représenté par la tête frappée à mort, mais non tuée (l’auteur lui-même nous l’apprend), est Néron[5], Néron qui, selon une opinion populaire très-répandue en Asie, vivait encore. Cela est hors de doute. Mais qu’est-ce que la seconde bête, cet agent de Néron, qui a les façons d’un juif pieux et le langage de Satan[6], qui est l’alter ego de Néron, travaille pour le profit de ce

  1. Mionnet, III, p. 93 ; Suppl., VI. p. 128, note a. M. Waddington m’affirme que cette légende est ordinaire sur les monnaies de la province d’Asie. Comp. l’inscription de Krafft, Topog. Jerus., no 31 (Corpus inscr. lat., Syria, no 135).
  2. Γεωμετρία. Comp. Ass. de Moïse, 9 ; Carm. sib., I, 141 et suiv., 326 et suiv. ; V, 28 (à propos de Néron même) ; VIII, 148-150 ; peut-être Jean, XXI, 11. Sur l’usage des ghematrioth à l’époque talmudique, voyez Literaturblatt des Orients, 1849, col. 671-672, 762-764 ; 1850, col. 116-117.
  3. Inscriptions ἰσόψηφοι à Pergame : Corpus inscr. græc., nos 3544, 3545, 3546 ; cf. nos 5113, 5119 ; Boissonade, Anecd. græca, II, p. 459-461.
  4. Irénée, Adv. hær., I, xiv et xv entiers.
  5. Dans les Césars de Julien, Caligula et Domitien sont aussi figurés par deux bêtes (p. 310-311, édit. Spanh.).
  6. Cf. Matth., vii, 15.