Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/489

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Trois anges traversent rapidement le ciel. Le premier vole au zénith tenant l’Évangile éternel. Il proclame à la face de toutes les nations la doctrine nouvelle, et annonce le jour du jugement. Le second ange célèbre par avance la destruction de Rome : « Elle est tombée, elle est tombée la grande Babylone[1], qui a enivré toutes les nations du vin de feu de sa fornication[2]. » Le troisième ange défend d’adorer la Bête et l’image de la Bête faite par le Faux Prophète : « Ceux qui adoreront la Bête ou son image, qui prendront le caractère de la Bête sur leur front ou sur leur main, boiront du vin brûlant de Dieu, du vin pur apprêté dans la coupe de sa colère[3] ; et ils seront tourmentés dans le feu et le soufre devant les anges et devant l’Agneau ; et la fumée de leurs tourments monte dans les siècles des siècles, et ils n’ont de repos ni nuit ni jour[4], ceux qui adorent la Bête ou son image, et qui prennent sur eux le signe de son nom. C’est ici que brille la

  1. Sur cette manière de désigner Rome, voyez ci-dessus, p. 122.
  2. Isaïe, xxi, 9 ; Jérémie, li, 7 ; Dan., iv, 27. La fornication signifie ici l’excitation à l’idolâtrie, qui a été, selon le Voyant, le grand crime de l’empire romain. La fornication est, dans le langage prophétique, toujours inséparable de l’idée d’idolâtrie.
  3. Ps. lxxv, 9 ; Carm. sib., proœm., 76-78.
  4. Isaïe, xxiv, 9-10.