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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/49

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la plus répandue est que le Jean de l’Apocalypse est bien l’apôtre. Irénée[1], Tertullien[2], Clément d’Alexandrie[3], Origène[4], l’auteur des Philosophumena[5], n’ont là-dessus aucune hésitation. L’opinion contraire est toutefois fermement soutenue. Pour ceux qui s’écartaient de plus en plus du judéo-christianisme et du millénarisme primitifs, l’Apocalypse était un livre dangereux, impossible à défendre, indigne d’un apôtre, puisqu’il renfermait des prophéties qui ne s’étaient pas accomplies. Marcion, Cerdon et les gnostiques la rejetaient absolument[6] ; les Constitutions apostoliques l’omettent dans leur Canon[7] ; la vieille Peschito ne la contient pas. Les adversaires des rêveries montanistes, tels que le prêtre Caïus[8], les

  1. Adv. hær., IV, xx, 11 ; V, xxvi, 1 ; xxviii, 2 ; xxx, 1 ; xxxiv, 2, etc. Cf. Eusèbe, H. E., V, 8.
  2. Adv. Marc., III, 14 ; IV, 5.
  3. Strom., VI, 13 ; Pædag., II, 12.
  4. Dans Eus., H. E., VI, 25 ; In Matth., tom. XVI, 6 ; In Joh., tom. I, 14 ; II, 4, etc.
  5. Philosoph., VII, 36.
  6. Tertullien, Adv. Marc., IV, 5 ; livre Adv. omnes hæreses, parmi les œuvres de Tertullien, 6.
  7. Constit. apost., II, 57 ; VIII, 47 (Canons apost., no 85).
  8. Caïus, dans Eusèbe, H. E., III, 28. Les doutes que peut laisser ce passage sont levés par le fragment de Denys d’Alexandrie, dans Eusèbe, VII, 25, et par ce qu’Épiphane dit des aloges. La traduction « comme s’il était un grand apôtre » est insoutenable. Cf. Théodoret, Hær. fab., II, 3.