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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/500

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entre leurs mains (Vindex, Verginius, Nymphidius Sabinus, Galba, Macer, Capiton, Othon, Vitellius, Mucien, Vespasien), de se mettre d’accord pour reconstituer l’empire, et, au lieu de s’établir en souverains indépendants, ce qui semblait à l’auteur juif le parti le plus naturel, de faire hommage de leur royauté à la Bête[1].

On voit à quel point le pamphlet du chef des Églises d’Asie entre dans le vif d’une situation qui, pour des imaginations aussi faciles à frapper que celles des Juifs, devait sembler étrange ; en effet, Néron, par sa scélératesse et sa folie d’un genre à part, avait jeté la raison hors des gonds. L’empire, à sa mort, se trouva comme en déshérence. Après l’assassinat de Caligula, il y avait encore un parti républicain ; en outre, la famille adoptive d’Auguste avait tout son prestige ; après l’assassinat de Néron, il n’y avait presque plus de parti républicain, et la famille d’Auguste était finie. L’empire se trouva entre les mains des huit ou dix généraux qui exerçaient de grands commandements. L’auteur de l’Apocalypse, ne comprenant rien à la chose ro-

  1. Δοῦναι τὴν βασιλείαν αὐτῶν τῷ θηρίῳ. Peut-être l’auteur suppose-t-il un moment que les généraux des différentes provinces s’entendront pour rétablir Néron. Les règnes d’Othon et de Vitellius furent en effet des réactions en faveur de Néron.