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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/508

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retrouvera plus sa trace ; et la voix des joueurs de cithare et des musiciens, le son de la flûte et de la trompette ne résonneront plus dans ses murs ; les métiers se tairont, et la meule sera muette ; la lumière de la lampe ne brillera plus, et la voix du fiancé et celle de la fiancée[1] ne se feront plus entendre. Car ses marchands étaient les grands de la terre[2], et ce sont ses philtres qui ont égaré toutes les nations. Et à son compte a été trouvé le sang des prophètes et des saints et de tous ceux qui ont été égorgés sur la terre.


La ruine de cette ennemie capitale du peuple de Dieu est l’objet d’une grande fête dans le ciel[3]. Une voix comme celle d’une multitude innombrable se fait entendre et crie : « Alleluia ! Salut, gloire, puissance à notre Dieu ; car ses jugements sont justes, et il a jugé la grande courtisane, qui a corrompu la terre par sa prostitution, et il a vengé le sang de ses serviteurs versé par elle. » Et un autre chœur répond : « Alleluia ! la fumée de son incendie monte dans les siècles des siècles. » Alors les vingt-quatre vieillards et les quatre monstres se prosternent et adorent Dieu, assis sur le trône, disant : Amen ! alleluia !

  1. Chanson dialoguée dans le genre du Cantique des cantiques, prise comme exemple des chansons populaires en général.
  2. Ce trait, qui convient médiocrement à Rome, est emprunté comme presque tout ce qui précède aux invectives des anciens prophètes contre Tyr.
  3. Apoc., c. xix.