Aller au contenu

Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/593

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

toujours occupée à fouiller les caves de la ville détruite. L’apparition de Simon, fils de Gioras, sortant des égouts, lorsqu’on croyait qu’il ne s’y trouvait plus personne, avait fait recommencer les battues souterraines ; en effet, chaque jour on découvrait quelque malheureux et de nouveaux trésors. En voyant la solitude qu’il avait créée, Titus ne put, dit-on, se défendre d’un mouvement de pitié. Les Juifs qui l’approchaient exerçaient sur lui une influence croissante ; la fantasmagorie d’un empire oriental, que l’on avait fait briller aux yeux de Néron et de Vespasien, reparaissait autour de lui, et allait jusqu’à exciter des ombrages à Rome[1]. Agrippa, Bérénice, Josèphe, Tibère Alexandre étaient plus en faveur que jamais, et plusieurs auguraient pour Bérénice le rôle d’une nouvelle Cléopâtre. Au lendemain de la défaite des révoltés, on s’irritait de voir des gens de la même sorte honorés, tout-puissants[2]. Quant à Titus, il acceptait de plus en plus l’idée qu’il remplissait une mission providentielle ; il se complaisait à entendre citer les prophéties où l’on disait qu’il était question de lui. Josèphe[3] prétend qu’il rapporta sa victoire

  1. Suétone, Titus, 5.
  2. Juvénal, sat. i, 128-130, passage qui se rapporte à Tibère Alexandre.
  3. B. J., VI, ix, 1. Sans doute on peut soupçonner ici une