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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/74

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trouver. Il leur présenta sa situation sous le jour le plus favorable, protesta qu’il n’avait rien fait et ne voulait rien faire contre sa nation, qu’il s’agissait de l’espérance d’Israël, c’est-à-dire de la foi en la résurrection. Les juifs lui répondirent qu’ils n’avaient jamais entendu parler de lui, ni reçu de lettre de Judée à son sujet, et exprimèrent le désir de l’entendre exposer lui-même ses opinions. « Car, ajoutèrent-ils, nous avons ouï dire que la secte dont tu parles provoque partout de vives contradictions. » On fixa l’heure de la discussion, et un assez grand nombre de juifs se réunirent dans la petite chambre occupée par l’apôtre pour l’entendre. La conférence dura une journée presque entière ; Paul énuméra tous les textes de Moïse et des prophètes qui prouvaient, selon lui, que Jésus était le Messie. Quelques-uns crurent ; le plus grand nombre resta incrédule. Les juifs de Rome se piquaient d’une très-exacte observance[1]. Ce n’est pas là que Paul pouvait avoir beaucoup de succès. On se sépara en grand discord ; Paul, mécontent, cita un passage d’Isaïe[2], très-familier aux prédicateurs chrétiens[3], sur l’aveuglement volontaire

  1. Φιλέντολοι. Voir Saint Paul, p. 104 et suiv.
  2. Is., vi, 6 et suiv.
  3. Matth., xiii, 14 ; Marc, xiv, 12 ; Luc, viii, 10 ; Jean, xii, 40 ; Rom., xi, 8.