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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/402

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Très-Haut se montrera sur son trône[1], et procédera au jugement définitif.

Le tour particulier que tendait à prendre le messianisme juif paraît ici avec clarté. Au lieu d’un règne éternel, que rêvaient les anciens prophètes pour la postérité de David, et que les messianistes, à partir de pseudo-Daniel, transfèrent à leur roi idéal[2], on arrive à concevoir le royaume messianique comme ayant une durée limitée. Nous avons vu l’auteur de l’Apocalypse chrétienne fixer cette durée à mille ans. Pseudo-Esdras se contente de quatre cents ans. Les opinions les plus diverses couraient à cet égard dans le judaïsme[3]. Pseudo-Baruch, sans préciser la limite, dit clairement que le règne messianique ne durera qu’autant que la terre périssable[4]. Le jugement du monde, dans cette manière de voir, est distingué de l’avénement du règne messianique, et la présidence en est attribuée au Très-Haut seul, non au Messie. La conscience chrétienne hésita quelque temps sur ce point, ainsi que le prouve l’Apocalypse de Jean. Puis la conception du

  1. Le jugement, selon le faux Esdras, n’est nullement présidé par le Messie. Ch. v, 55 ; vi, 1-6. Cf. xii, 33-34.
  2. Daniel, vii, 2 ; Carm. sib., III, 49-50, 766 et suiv. ; Psalt. Salom., xvii, 4 ; Henoch, lxii, 14.
  3. Talm. de Bab., Sanhédr., 99 a.
  4. Ch. 40, déterminant le sens du ch. 73.