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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/148

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l’opinion orthodoxe, ce fut un millénarisme effréné. Son tort était de prendre l’Apocalypse de l’an 68 dans le sens où l’avait entendue son auteur. Il admettait, avec le voyant de Patmos, que, après la première résurrection des morts, il y aurait un règne corporel du Christ sur la terre, devant durer mille ans[1]. Voici ce qu’il faisait dire à Jésus, conformément à une tradition transmise par les presbyteri[2] :


Il viendra des jours où naîtront des vignes, dont chacune contiendra dix mille ceps, et dans chaque cep il y aura dix mille bras, et dans chaque bras dix mille rejetons, et dans chaque rejeton dix mille grains, et chaque grain pressé donnera vingt-cinq mille muids de vin. Et, quand un des saints saisira une des grappes, une autre criera : « Je suis meilleure, prends-moi ; bénis Dieu à mon sujet. » De même, chaque grain de froment produira dix mille épis, et chaque épi donnera dix mille grains, et chaque grain dix mille livres de farine. Il en sera de même pour les arbres fruitiers, pour les graines, pour les herbes, selon leurs propriétés particulières. Et tous les animaux, usant pour nourriture des simples fruits de la terre, seront pacifiques, bienveillants les uns pour les autres, soumis et respectueux envers l’homme.

  1. Cérinthe était dans les mêmes idées. Voir les passages de Caïus et de Denys d’Alexandrie, dans Eus., H. E., III, xxviii, 2-5. Cf. les Évangiles, 418 et suiv.
  2. Irénée, V, xxxiii, 3-4 (trad. arménienne, dans Spicil. Sol., I, p. 1-3).