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Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/101

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en Galilée, la « bonne nouvelle du royaume de Dieu. » Ce royaume allait venir, et c’était lui, Jésus, qui était ce « fils de l’homme » que Daniel en sa vision avait aperçu comme l’appariteur divin de la dernière et suprême révélation.

Le succès de la parole du nouveau prophète fut cette fois décisif. Un groupe d’hommes et de femmes, tous caractérisés par un même esprit de candeur juvénile et de naïve innocence, adhérèrent à lui et lui dirent : « Tu es le Messie. » Comme le Messie devait être fils de David, on lui décernait naturellement ce titre, qui était synonyme du premier. Jésus se le laissait donner avec plaisir, quoiqu’il lui causât quelque embarras, sa naissance étant toute populaire. Pour lui, le titre qu’il préférait était celui de « fils de l’homme, » titre humble en apparence, mais qui se rattachait directement aux espérances du Messie. C’est par ce mot qu’il se désignait, si bien que, dans sa bouche, « le fils de l’homme » était synonyme du pronom « je, » dont il évitait de se servir. Mais on ne l’apostrophait jamais ainsi, sans doute parce que le nom dont il s’agit ne devait pleinement lui convenir qu’au jour de sa future apparition.

Le centre d’action de Jésus, à cette époque de sa vie, fut la petite ville de Capharnahum, située sur le bord du lac de Génésareth. Le nom de Capharnahum, où entre le mot caphar (village), semble désigner une