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Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/118

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faiblesses tout humaines, avec une franchise honnête qui rappelle celle de Joinville près de saint Louis. Jésus le reprenait d’une façon amicale, pleine de confiance et d’estime. Quant à Jean, sa jeunesse, son exquise tendresse de cœur et son imagination vive devaient avoir beaucoup de charme. La personnalité de cet homme extraordinaire, qui a imprimé un détour si vigoureux au christianisme primitif, ne se développa que plus tard.

Aucune hiérarchie proprement dite n’existait dans la secte naissante. Tous devaient s’appeler « frères, » et Jésus proscrivait absolument les titres de supériorité, tels que rabbi, « maître », « père », lui seul étant maître, et Dieu seul étant père. Le plus grand devait être le serviteur des autres. Cependant Simon Barjona se distingue, entre ses égaux, par un degré tout particulier d’importance. Jésus demeurait chez lui et enseignait dans sa barque ; sa maison était le centre de la prédication évangélique. Dans le public, on le regardait comme le chef de la troupe, et c’est à lui que les préposés aux péages s’adressent pour faire acquitter les droits dus par la communauté. Le premier, Simon avait reconnu Jésus pour le Messie. Dans un moment d’impopularité, Jésus demandant à ses disciples : « Et vous aussi, voulez-vous vous en aller ? » Simon répondit : « A qui irions-nous, Seigneur ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » Jésus à diverses reprises lui déféra dans