Aller au contenu

Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

semblables les hommes de cette génération, et à qui les comparerai-je ? Ils sont semblables aux enfants assis sur les places, qui disent à leurs camarades :


    Voici que nous chantons,
    Et vous ne dansez pas.
    Voici que nous pleurons,
    Et vous ne pleurez pas.


Jean est venu, ne mangeant ni ne buvant, et vous dites : « C’est un fou. » Le fils de l’homme est venu, vivant comme tout le monde, et vous dites : « C’est un mangeur, un buveur de vin, l’ami des douaniers et des pécheurs. » Vraiment, je vous l’assure, la sagesse n’est justifiée que par ses œuvres.

Il parcourait ainsi la Galilée au milieu d’une fête perpétuelle. Il se servait d’une mule, monture en Orient si bonne et si sûre, et dont le grand œil noir, ombragé de longs cils, a beaucoup de douceur. Ses disciples déployaient quelquefois autour de lui une pompe rustique, dont leurs vêtements, tenant lieu de tapis, faisaient les frais. Ils les mettaient sur la mule qui le portait, ou les étendaient à terre sur son passage. Quand il descendait dans une maison, c’était une joie et une bénédiction. Il s’arrêtait dans les bourgs et les grosses fermes, où il recevait une hospitalité empressée. En Orient, la maison où descend un étranger devient aussitôt un lieu public. Tout le village s’y rassemble ; les enfants y font invasion ; les valets les écartent ; ils